En 2017 j’ai entamé une formation en Yoga Nidra qui m’a amené à découvrir le Mandala et les ponts qu’il est possible de  tracer  entre le Yoga et l’Art.

Depuis longtemps je suis attiré par ce que  crée l’Homme. J’apprécie ce qui éveille en nous une émotion : objets, textes, ou images.

Ce goût pour les arts et  la découverte des stages « Yoga Nidra et créativité » de Catherine Marzaguil font que je me suis engagé dans une formation en art et  connaissance de soi. Cette formation mêle Yoga Nidra, philosophie du Yoga  intégral (Sri Aurobindo) et créativité.

Quant à l’observation des Yantras, elle est abordé dans la formation Natha que je suis actuellement.

 

Ce travail sur  la thématique des Yantras et des Mandalas est donc pour moi l’occasion de relier ces différentes formations.

 

Définir les Yantras

 

Il n’est pas facile de trouver une définition stricte des Yantras. Je me suis donc intéressé à plusieurs définitions dans le but de réaliser une synthèse qui sera ma propre définition.

 

            D’après Wikipédia :

 

            Le Yantra est un support graphique de méditation issu de la tradition Hindoue. Les Yantras sont réputés pour révéler les concepts de l’être et les aspects du monde. Pour certains yogis, ils sont la représentation de la Vérité, c’est à dire ce qui est vu après avoir atteint l’éveil. Le but du méditant est de percevoir l’énergie associée au concept représenté par le Yantra observé. Dans l’hindouisme on pourrait traduire le mot Yantra par : figure géométrique tracée matériellement ou mentalement pour dompter le mental et maîtriser les forces cosmiques.

 

Selon le tantrisme :

 

Le tantrisme est un mot d’origine occidentale dérivé du terme tantra. Le tantra est un ensemble de textes, de rituels, de doctrines et de méthodes initiatiques que l’on retrouve de façon diffuse dans différentes branches de l’hindouisme. Ces pratiques sont anciennes (6ème Siècle) et se sont largement diffusées en Orient.

 

            Le Yantra est une aide, un outil généralement dessiné sur du papier ou gravé dans le métal destiné à la méditation. C’est également une image tangible, symbolique d‘ une divinité. Le Yantra comporte un élément central autour duquel s’ordonne un motif composé de formes géométrique à base de lignes et de cercle.

 

 

            D’après Alain Daniélou :

 

Alain Daniélou aussi appelé Shiva Sharan (shiva refuge) est un indianiste et musicologue Français ayant vécu en Inde une vingtaine d’années (1937-1960).Il a alors baigné dans la culture Indienne  ce qui l’a conduit à écrire plusieurs ouvrages dont « L’histoire de l’Inde » (1971) et « Yoga Méthode de Réintégration (1951).

 

            D’après A.Danièlou les Yantras sont des diagrammes magiques qui permettent d’établir une communication entre les divers états d’être. Les yantras sont la représentation de la structure intérieure des choses, les formules de base de la création, ils se retrouvent dans tous les aspects du monde.

Mantra-Yantra-Tantra sont interdépendants.

 

 

            D’après François Chenet :

 

François Chenet est un indianiste Français professeur de philosophie à l’université de la Sorbonne. Il est l’auteur de plusieurs ouvrage dont « La philosophie indienne »(1998) et « Psychogenèse et cosmogonie selon le Yoga-Vasistha : le monde est dans l’âme » (1999).

 

            Dans son ouvrage «  Psychogenèse et cosmogonie », F Chenet défini les Yantras comme des points d’appui à valeur symbolique, des objets transitionnels , des diagrammes d’origine tantrique dont la fonction première est d’être un support à la méditation. Les Yantras sont associés au Bija (Syllabes germe des mantras).

 

           

            Selon Benard Bouanchaud :

 

Bernard Bouanchaud est enseignant et formateur de Vini-yoga. Il a suivi les enseignements de T.K.V Desikachar  en Inde du sud.

 

Dans son livre « Méditer, la voie du Yoga », B. Bouanchaud indique que le terme de Yantra apparaît dans le « Mantra-mahodadhib ». Le terme de Yantra désigne un dessin formé de diverses formes utilisé comme support méditatif. Les Yantras seraient issu de la tradition Védique.

 

Synthèse des diverses définitions :

 

            Voici la définition que je donnerai au Yantra :

 

Le Yantra, issu de traditions Orientales notamment du Tantra, est un support méditatif visuel. Il est formé par un ensemble de formes géométriques ayant chacune une valeur symbolique. Cet ensemble se nomme diagramme, l’observation d’un Yantra permet au méditant d’entrer en contact avec sa dimension symbolique.

 

Décrire les Yantras

 

Les yantras sont formé de formes primordiales : point, ligne, carré, triangle, cercle. Ces formes sont agencées pour former une combinaison harmonieuse ayant une portée symbolique.

 

            Ainsi, dans  la symbolique  traditionnelle indienne :

 

  • Le point (Bindu), représente l’énergie, le centre où a lieu la création.
  • Le triangle (équilatéral) pointe vers le bas représente l’aspect féminin, l’eau.
  • Le triangle (équilatéral) pointe vers le haut représente l’aspect masculin, le feu.
  • Le cercle représente l’air.
  • Le carré représente la terre.
  • La fleur de lotus la pureté.

 

D’après le Mantra-mahodadhib  il existe une variété surprenante de Yantras.

D’après le Tantraraja-Tantra, il existe neuf cent soixante Yantras géométriques.

 

 

Portée Symbolique des Yantras

 

Chaque figure composant un yantra a une signification symbolique, l’agencement de ces figures est codifiée. L’ensemble du Yantra a également une signification symbolique.

Certains Yantras représente une divinité ainsi que les qualités qui lui attachées. D’autres représentent des concepts.

 

            Mukti Yantra : le Yantra de la libération.

 

            Gayatri Yantra : Ce Yantra représente la divinité  Gayatri. On dit que ce Yantra est utile à l'Éveil, la grâce et l'altruisme.

 

Ce Yantra est associé au Gayatri mantra :

Om bhūr bhuvaḥ svaḥ

tát savitúr váreṇyaṃ

bhárgo devásya dhīmahi

dhíyo yó naḥ pracodáyāt

 

Om, Cieux, Terre et Eau,

Que l'excellent Soleil,

Brillant, divin et pieux,

Nous aide à méditer sur nos intellects galopants.

 

ॐ भूर्भुवः स्वः ।

तत् सवितुर्वरेण्यं ।

भर्गो देवस्य धीमहि ।

धियो यो नः प्रचोदयात् ॥

               

Sri Yantra : Le Sri Yantra représente l’univers, le macrocosme qui est identique au microcosme, c’est à dire à l’individu. On nomme le Sri Yantra,  le roi des Yantra. En effet le Sri Yantra contient tous les autres Yantras.

 

Effets théoriques de la concentration sur les Yantras

 

            Certains prêtent des effets magiques aux Yantras, en effet il existe des Yantras pour protéger sa maison, devenir plus fort, en quelque sorte des Yantras talisman.

 

Pour d’autres, observer un Yantra à pour but d’établir une communication entre divers état d’être qui en temps habituel ne sont pas perceptibles. Le méditant est conduit de l’extérieur vers le centre c’est à dire vers l’intériorité, la conscience, l’absolu, le divin.

Le méditant se fond dans le Yantra et donc dans sa valeur symbolique. Ceci lui permet de grandir, d’évoluer.

 

            Les méditants mentionnent les effets suivants :

 

  • Au niveau visuel, une impression de s’unifier au yantra, de devenir le yantra.
  • Au niveau mental, on peut avoir une impression de comprendre le symbole, d’en absorber les qualités intrinsèques, de devenir ce que le Yantra représente.

 

Yantra personnalisé

 

Dans son ouvrage « Méditer, la voie du Yoga » B.Bouanchaud indique qu’il est possible d’adapter le Yantra à chaque pratiquant et ceci à différents moments de sa vie.

Méditer sur son propre Yantra permet à chacun d’évoluer sur son propre chemin en travaillant sur ces propres faiblesses. Dans ce cas le Yantra est transmis par un Maître, ce n’est pas le méditant qui choisi son Yantra.

 

B.Bouanchaud mentionne également l’utilisation d’image en Yoga-Therapie. Ces images ne sont pas forcement des Yantras. Elles peuvent par exemple représenter un paysage, un lieu, un principe de façon plus ou moins symbolique.

 

 

Exemple de pratique avec le Sri Yantra

shri yantra

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Accrocher le Yantra sur un mur à hauteur des yeux, le triangle central pointe en bas. S’asseoir confortablement et redresser la colonne, vérifier la distance à une longueur de bras maximum.

La pratique consiste à énoncer de manière audible les Bijà avec les concentrations correspondantes.

Tout en ne perdant jamais le point central par la fixation des yeux, voir à chaque énonciation le champ de vision s’élargir et la concentration se porter sur le cercle immédiatement suivant.Ceci en maintenant une contraction permanente de l’anus, Mulà Bandha.

  • Concentration sur le triangle jaune avec énonciation de LAM, l’attention est sur Mulàdhara.
  • Concentration sur le cercle des triangles verts avec énonciation de VAM, l’attention est sur Svadhisthana.
  • Concentration sur le cercle des triangles noirs avec énonciation de RAM, l’attention est sur Manipura.
  • Concentration sur le cercle des triangles rouges avec énonciation de YAM, l’attention est sur Anahata.
  • Concentration sur le cercle des triangles bleus avec énonciation de HAM, l’attention est sur Vishudda.
  • Concentration sur la bordure extérieure du grand cercle avec énonciation de OM, l’attention est dans Ajna.

Inspirez et répétez, jusqu’à 5 minutes, puis augmentez progressivement jusqu’à 20 minutes.
Après la répétition, fermer les yeux et ressentir.

Remarque : le choix des couleurs n’a pas d’importance, il s’agit uniquement de point de repères.

Pratique Personnelle 

            Fixation du Mukti Yantra de façon quotidienne

Jours Durée de fixation Ressenti : observation
J 1 12 minutes Pensées parasites +++, construction yeux fermés difficile.
J 2 12 minutes Pensées parasites +++, construction yeux fermés difficile.
J 3 12 minutes Pensées parasites +++, construction yeux fermés difficile.
J 4 14 minutes Pensées parasites +++, construction yeux fermés  plus facile, sensation de lignes tordus.
J5 12 minutes Pensées parasites ++, toujours sensation de lignes tordus.
J6 12 minutes Pensées parasites ++, visualisation yeux fermé de plus en plus facile.
J7 13 minutes Pensées parasites ++, visualisation yeux fermé de plus en plus facile.
J8 20 minutes Pensées parasites +, visualisation yeux fermé assez facile. Sensation de vibration au niveau du bas de la colonne, lors de l’observation des dernières formes yeux ouvert.
J9 20 minutes Pensées parasites ++.
J10 20 minutes Pensées parasite +. Esprit clair, sensation de vibration et de joie lors de la construction yeux fermés.
J11 20 minutes Pensées parasites +.
J12 20 minutes Pensées parasites +, sensation vibration lors de la fixation de la partie centrale.
J13 20 minutes Pensées parasites +++.
J14 20 minutes Pensées parasites +.
J15 20 minutes Pensées parasites +. Sensation de chaleur diffuse, impression de clarté comme si le mental avait été nettoyé.
J16 20 minutes Pensées parasites +.

 

Inspirez et répétez, jusqu’à 5 minutes, puis augmentez progressivement jusqu’à 20 minutes.
Après la répétition, fermer les yeux et ressentir.

Remarque : le choix des couleurs n’a pas d’importance, il s’agit  uniquement de point de repère.

 

Conclusion :

Au fur et à mesure des fixations, concentration et mémorisation se font de plus en plus facilement. Globalement la quantité de pensées parasites diminue, cependant cette évolution n’est pas linéaire et me semble dépendante des événements se déroulant dans la journée. En effet j’ai remarqué qu’en cas de contrariété dans la journée les pensées parasites sont plus nombreuses.

Après plusieurs jours de fixation quotidienne j’ai observé une sensation de clarté, de netteté, en quelque sorte une clarification du mental, cette sensation est très agréable. Je pense que l’on peut utiliser le Mukti Yantra comme outil de clarification du mental.

 

Construire le Sri Yantra

J’ai construit le centre du Yantra grâce au document pdf joint. Ensuite j’ai construit les différentes enceintes.

Composants du Sri Yantra :

  • La périphérie, enceinte à 4 entrées
  • Lotus à 16 pétales
  • Lotus à 8 pétales
  • Enceinte à 14 triangles
  • Enceinte à 10 triangles
  • Enceinte à 10 triangles
  • Enceinte à 8 triangles
  • Triangle inversé
  • Le centre, le point.
  •  

La mise en couleur du Yantra c’est poursuivi sur plusieurs journées.

 

Ressentis observés :

 

  Construction : peu de pensées parasites.

La construction géométrique demande une grande concentration ce qui a pour effet d’ éliminer les pensées parasites.

 

  Mise en couleur :

La mise en couleur est agréable elle demande de la concentration tout en permettant de s’exprimer de laisser aller son imagination sa créativité.

Cette étape m’a apporté apaisement et joie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour parfaire l’étude du « Sri Yantra personnel », je pense qu’il faudrait ensuite l’utiliser comme outil de concentration et noter les ressentis de cette observation.

 

Définir le Mandala

 

Tous comme pour les Yantras , il est difficile de trouver une définition stricte de Mandala. Je me suis donc intéressé à plusieurs définitions.

 

D’après Wikipédia :

 

Le terme de « Mandala » a pour origine le sanskrit,  terme qui peut être traduit par cercle. Yantras et Mandalas sont difficile à distinguer car tous deux sont d’origine Indienne.

Les Mandalas se sont développés dans le bouddhisme Tibétain.

 

D’après Bailey Cunningham :

 

Bailey Cunningham vit aux états unis. Elle est artiste et graphiste fondatrice du Mandala Project. Le Mandala project est un organisme a but non lucratif ayant comme objectif de promouvoir la paix à travers l’art et l’éducation. Elle est l’auteure du livre « Mandala, voyage vers le centre (2002).

 

            Le Mandala représente « la Totalité », il peut être perçu comme un modèle de la structure de l’organisation de la vie qui nous rappelle notre relation au monde.  Un diagramme cosmique qui s’étend à la fois au-delà et à l’intérieur de notre corps et de notre esprit.

 

Les moines Tibétains considèrent le Mandala comme une matrice, un modèle de l’univers parfait.

 

D’après Fabrice Midal :

 

Fabrice Midal est un philosophe Français, fondateur de l’ école occidentale de méditation.  En 1999 il soutient une thèse portant sur «  le sens du sacré dans l’art moderne. Il a écrit de nombreux ouvrages dont « Petite philosophie des Mandalas »

 

            Le Mandala est la description la plus précise, la plus claire et la plus vivante de la réalité et de l’esprit humain.

Les bouddhistes on peint et dessiné des Mandalas animés du soucis que tous les êtres en découvrant cet ordre sain retrouvent le chemin de leur propre cœur.

 

Synthèse des différentes définitions

 

Voici la définition que je donnerai au Mandala :

            Le Mandala est un dessin centré qui représente l’univers et l’être humain sous sa forme la plus parfaite.

 

 

Décrire les Mandalas

 

Lorsqu’on considère le Mandala comme étant un dessin centré inclut dans un cercle, on s’aperçoit rapidement qu’il est présent dans de nombreuses cultures.

En fonction du milieu culturel les composants, les supports et les matériaux seront différents.

 

  • Mandalas traditionnel, peints sur du tissus, du bois en Inde.

 

  • Peintures Rangoli en Inde du Nord. Motifs centrés et éphémères dessinés sur le sol par les femmes avec de la craie, des graines ou autres matériaux.

 

  • Mandalas de sable au Tibet, Peintures de sable chez les indiens Navajo.

 

  • Rosaces des cathédrales en occident.

 

  • Labyrinthes en occident. Le labyrinthe est également considéré comme un dérivé du Mandala, car il amène au « centre ».

 

Certains monuments notamment les temples Indiens sont également construits sur le modèle des Mandalas traditionnel.

La nature aussi nous offre de nombreux Mandalas : fleurs, cristaux de neige, toiles d’araignées...

                        Le Mandala est universel, dans chaque culture le Mandala à une portée symbolique.

 

Utiliser les Mandalas :

 

            En Inde le Mandala est un support de rituels et de méditations.

 

            Chez les indiens Navajo le Mandala, sous forme de peinture de sable, fait partie des rituels de guérison.

 

            En Europe dès le moyen age on trouve des rosaces, des labyrinthes dans les cathédrales. La rosace a pour rôle d’éveiller le côté mystique chez celui qui le regarde.

Tandis que le labyrinthe est une métaphore de la vie (plusieurs chemins se présentent à nous, lequel choisir ? Ou va-t-il nous mener ? Est-ce une impasse ?).

 

            Le psychanalyste Carl-Gustave JUNG a étudié et utilisé les Mandalas pour soigner ces patients. Il considérait le Mandala comme une représentation du soi et du monde.

 

Aujourd’hui le Mandala est  utilisé comme outil en d’art thérapie notamment par Catherine Mazarguil à l’ Atelier du Laurier Rouge (région Bourgogne-Franche-Comté).

 

 

Yantras et Mandalas, différences et points communs.

           

Les Yantras, issus de la tradition tantrique sont des supports de méditations permettant aux pratiquants de poursuivre le chemin vers la connaissance de soi. Les Yantras sont codifiés par la tradition et ne peuvent pas être modifiés. Chacun, avec l’aide d’un maître, devra choisir parmi les nombreux Yantras existant pour parfaire sa propre évolution.

 

Le Mandala est une version édulcoré, plus accessible que le Yantra. Pourtant, si on ne s’arrête pas au livre de coloriage,  il s’agit bien  d’une représentation symbolique du macrocosme et du microcosme. Chacun peut construire ces propres Mandalas en y apportant cette symbolique :  le centre du Mandala représente le soi, puis en s’ écartant chaque zone représente la relation que l’on avec les autres, notre environnement, l’univers.

 

Il me paraît judicieux d’utiliser  les deux pour une meilleure connaissance de soi et ainsi d’avancer sur le chemin du Yoga.

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