Une clef pour réaliser l'unité du microcosme et du macrocosme

 

Par Khristophe Lanier

 

 

Le nombre 12, en faisant cohabiter le 1 et le 2, semble réconcilier l'unité et la dualité tout en induisant la trinité (1+2=3). S’ouvrir à la symbolique du nombre 12 peut nous permettre de contempler le temps dans ces 3 dimensions et l'espace dans ces 4 directions qui se fécondent mutuellement (3x4=12) et de demeurer au centre des 12 pétales dans le cœur, au centre des 12 secteurs dans le ciel. La magie véhiculée par le nombre 12 est apte à dissoudre toutes les contradictions entre l'un et le multiple. Cette magie imprègne la tradition indienne de bien des façons, du zodiaque sidéral à la Maha Khumba Mela, en passant par les 12 noms du soleil et les 12 Jyiotir Lingam.

 

Origine d'un symbole

Nous avons vu précédemment[i] que le nombre 7 représente le lien entre le plan terrestre (symbolisé par le nombre 4) et le plan céleste (représenté par le nombre 3). Nous retrouvons cette même symbolique dans le nombre 12. En effet, si le 7 est l'addition du 4 et du 3, le 12 en est le produit. Mais si le 7 représente également les 7 planètes visibles à l’œil nu dans le ciel, le 12 illustre les 12 secteurs du ciel, que l'on se réfère aux signes du zodiaque, aux constellations ou aux maisons astrologiques. Cette division du zodiaque en 12 est sans doute à l'origine de la puissante symbolique du nombre 12, présente dans la plupart des civilisations. Mais pourquoi cette division en 12 ?

Il convient d'abord de définir le zodiaque. Il s'agit de la bande du ciel d'environ 17° de largeur dans laquelle on peut voir se déplacer les différentes planètes du système solaire. Le soleil semble se mouvoir au centre de cette bande dans sa trajectoire que l'on appelle l'écliptique. Notre astre parcourt le zodiaque en une année, ce mouvement apparent provient de la révolution de la Terre autour soleil. Durant cette période d'environ 365 jours, il se produit un peu plus de 12 lunaisons et beaucoup de gens pensent que la division du zodiaque en 12 est en lien avec cet aspect astronomique qui est à l'origine des 12 mois de l'année présents dans la plupart des calendriers. Mais un autre élément important est à prendre en compte. Il s'agit de l'éclat du soleil qui, dans sa majesté, occupe environ 30° dans le ciel, c'est-à-dire 1/12ème du zodiaque (30x12=360). Le 12 s'avère ainsi le nombre solaire par excellence et les indiens ne s'y sont pas trompé en attribuant 12 noms différents au soleil.

 

Les 12 noms du soleil dans la tradition indienne

Union rituelle dans les ruines du temple dédié au soleil de Konaraka (Orissa). Crédit photo : Bernard Leroux

Image2  Zodiaque à Tiruvanamalai Collection personnelle Mathieu

Si la trajectoire apparente du soleil dans le zodiaque en une année a été divisée en 12, il en est de même pour sa trajectoire apparente en une journée. En moyenne, le jour dure 12 heures et la nuit 12 heures également. On peut estimer que les 12 noms du soleil sont en rapport avec les 12 parties de sa trajectoire entre son levé et son coucher, ou bien, que ses 12 noms sont en rapport avec les 12 maisons astrologiques qui sont une division par 3 des 4 parties du ciel déterminées par les axes ascendant-descendant (lever-coucher) et milieu du ciel-fond du ciel (midi-minuit) en 24 heures. Quoi qu'il en soit, ces 12 noms représentent des aspects ou des qualités de l'astre solaire. En voici la liste avec différentes traductions :

Mitra – l’ami universel ou l'ami de tous.

Rava – celui qui brille, celui qui est loué de tous ou lumière éternelle qui engendre le temps.

Surya – celui qui inspire le dynamisme ou le guide de tous.

Bhana – celui qui éclaire, celui qui propage la lucidité ou le donneur de beauté.

Khaga – celui qui se déplace dans le ciel ou celui qui se meut librement dans les cieux.

Pushne – celui qui nourrit et qui donne la force ou celui qui soutient tout.

Hiranyagarbha – la matrice dorée qui fait naître l'univers ou le germe cosmique radieux.

Maricha – le Prince de l’aurore, celui qui propage les mirages, celui qui détruit les maladies ou rayon de lumière.

Aditya – le fils de l’Infini, celui qui est le symbole de l'équanimité ou celui qui inspire.

Savitre – source de la vie, celui qui produit l'abondance ou celui qui purifie.

Arka – la flamme suprême, celui qui est digne d'être vénéré ou le radiant.

Bhaskara – celui qui Illumine l’univers ou celui qui rend brillant.

 

Ces 12 aspects du soleil peuvent-être invoqués par les mantras suivants :

 

 

Om mitraye namah

Om ravaye namah

Om suryaya namah

Om bhanave namah

Om khagaya namah

Om pushne namah

Om hiranyagarbhaya namah

Om marichaye namah

Om adityaya namah

Om savitre namah

Om arkaya namah

Om bhaskaraya namah

 

 

Ces mantras peuvent être associés mentalement aux différentes phases de Surya Namaskar, la salutation au soleil qui comporte en général 12 mouvements. Ils peuvent être chantés ou récités face au soleil levant, culminant ou couchant. Ces mantras peuvent être également associés aux 12 pétales de surya chakra qui est localisé entre manipura et anahata au niveau du plexus solaire. Il convient aussi de mentionner thalu chakra qui présente une composante solaire. En effet, ce chakra peu connu situé au fond de la gorge est parfois représenté par un lotus qui comporte 12 pétales rouges à la périphérie, symbolisant les qualités solaires, 64 pétales blancs à l'intérieur représentant les qualités lunaires et un linga noir au centre, symbole de shunya, la vacuité. Si la tradition indienne est souvent qualifiée de lunaire, il convient néanmoins de souligner l’importance du soleil dans celle-ci, comme en témoigne le temple solaire de Konaraka en Orissa, la pratique de Surya Namaskar et le zodiaque solaire des 12 rashi.

 

Les 12 signes du zodiaque dans l'astrologie Jyotish

La tradition astrologique indienne que l'on nomme Jyotish est très élaborée. Elle utilise deux systèmes en lien avec la lune et le soleil, chandra kundali et surya kundali.[ii] Le premier divise le zodiaque en 27 demeures lunaires appelées nakshapra, le second le divise en 12 signes solaires appelés rashi. Les noms sanskrits de ces 12 signes correspondent à peu près à ceux des signes de l'astrologie occidentale. En voici la liste :

 

 

Mesha, le Bélier

Vrishabha, le Taureau

Maithuna, les Gémeaux

Karka, le Crabe

Simha, le Lion

Kanya, la Vierge

Tula, la Balance

Vrischika, le Scorpion

Dhanu, le Sagittaire

Makara, le Capricorne

Khumba, le Verseau

Mina, les Poissons

 

 

Il convient cependant de souligner que les indiens utilisent en général le zodiaque sidéral constitué de 12 constellations dans le ciel, alors que l'astrologie occidentale utilise surtout le zodiaque tropical ou zodiaque des saisons déterminé par l'axe des équinoxes et l'axe des solstices. Lorsque ce zodiaque s'est formalisé au Moyen-Orient, il y a environ 2000 ans, les signes du zodiaque tropical correspondaient à peu près aux constellations, mais le phénomène de la précession des équinoxes amène progressivement un décalage entre les deux zodiaques. Ce phénomène est décrit de façon précise dans le Surya Siddhanta, le plus fameux traité d'astronomie utilisé de la tradition indienne. Chaque année, l'équinoxe de printemps qui marque le début du zodiaque tropical recule d'un peu moins d'une minute d'arc sur la voûte céleste, de sorte qu'il rétrograde d'un degré en 72 ans. Au bout de 2 160 ans environ, l'équinoxe rétrograde de 30o soit une constellation du zodiaque. Ce passage est nommé communément un changement d'ère.[iii]

Au bout de 25 920 ans environ, l'axe des équinoxes a effectué le tour complet sur le zodiaque sidéral, c'est ce que l'on appelle un grand cycle précessionnel. Ainsi, l'humanité est-elle rythmée par un cycle cosmique divisé en 12 ères précessionnelles de 2 160 ans tout comme la vie des humains est rythmée par un cycle annuel divisé en 12 phases ou 12 mois. Le décalage entre le zodiaque sidéral et le zodiaque tropical appelé ayanamsa est d'après l'astrologie indienne d'environ 24o aujourd'hui, ce qui indiquerait que nous sommes encore dans l'ère des poissons, mais beaucoup de signes semblent annoncer l'ère du verseau. Les astrologues ne sont pas d'accord sur la date de ce passage. On peut raisonnablement penser qu'il y a une phase intermédiaire où certaines caractéristiques de l'ère qui s'achève s'exacerbent alors que des tendances de l'ère qui s'annonce se manifestent. Quoi qu'il en soit, nous pouvons noter que la tradition utilise le zodiaque pour mesurer les périodes à l'échelle de la vie humaine et également pour appréhender les périodes à l'échelle de notre système solaire. Le zodiaque et sa division en 12 apparaît ainsi comme le dénominateur commun du microcosme et du macrocosme. Il est intéressant de noter que le mouvement des planètes dans le zodiaque qui semble marquer notre destinée va dans un sens, tandis que les ères précessionnelles qui semblent caractériser le devenir de l'humanité adviennent dans le sens inverse du zodiaque.

 

Les 12 années de Guru et la Khumba Mela

Un autre élément astronomique significatif en relation avec notre thématique est le cycle de la planète Jupiter qui accomplit sa révolution autour du soleil en environ 12 ans. Ainsi, 12 mois lunaires représentent une année solaire, et 12 années solaires une année de Jupiter. En Inde, Jupiter est nommée Brihaspati[iv] ou bien Guru, c'est-à-dire, l'enseignant, le maître. Dans la tradition astrologique et yogique de l'Inde, Jupiter est considéré comme le grand bénéfique et symbolise l’enseignement, la transmission, le guru. Sa position dans le ciel, associée à celles du soleil et de la lune permet de déterminer les dates des différentes Kumbha Mela qui se tiennent dans 4 villes saintes de l'Inde. Le cycle de 12 ans permet de marquer l'importance de ces différents rassemblements spirituels. En principe, une Kumbha Mela est organisée tous les 3 ans à Haridwar, sur les bordes du Ganges, à Allahabad au confluent du Gange et de la Yamuna, à Nashik sur les bords de la Godavari et à Ujjain sur les bords de la Kshipra. Tous les 12 ans a donc lieu dans chacun de ces sites, une Purna Kumbha Mela et tous les 144 ans, soit 12 x 12 a lieu une Maha Kumbha Mela. Celle-ci a lieu à Prayag qui fut rebaptisée Allahabad en 1584 par l'empereur Moghol Akbar. Prayag signifie confluent car c'est à cet endroit que se rejoignent le Gange, la Yamuna et la Sarasvati qui symbolisent au plan subtil Ida, Pingala et Sushumna. C'est également une belle image pour définir la Kumbha Mela qui constitue une véritable confluence des différents courants spirituels de l'hindouisme. C'est à l'occasion des Kumbha Mela que se réunissent les 12 akhada ou regroupements de sadhu afin d'échanger leurs points de vue et de trouver l'unité dans la diversité. Il est dit que cette coutume remonte au grand maître Shankaracharya.

Kumbha Mela signifie littéralement rassemblement, rencontre ou fête (Mela) de la jarre ou du vase (Kumbha). Son origine mythique remonte à l'épisode du barattage de l'océan de lait qui fut suivi d'un affrontement entre les deva et les asura, les dieux et les démons.[v] Il est dit que la bataille dura 12 jours ce qui correspond à 12 années pour les humains, soit un cycle de Guru. Durant l'affrontement, quelques gouttes du précieux nectar tombèrent en 4 endroits de l'Inde qui devinrent par la suite les différents sièges de la Kumbha Mela. La légende dit que l'amrita tomba dans les fleuves qui arrosent ces quatre villes saintes et qu'en conséquence leurs eaux se transforment en élixir d'immortalité lors de l'apogée des Kumbha Mela au moment de la nouvelle lune. Il est dit que prendre un bain dans ces occasions permet d'atteindre moksha, la libération. Lors de ces grands bains rituels les naga baba entrent en premier dans le fleuve, suivis des autres saddhu, puis des pèlerins ordinaires.

Nous avons vu que le 12 détermine une relation astrologique entre la lune, le soleil et Jupiter et que les positions respectives de ces 3 astres permettent de fixer les dates des 4 Purna Kumbha Mela qui ont lieu tous les 12 ans. Bien que les informations soient un peu confuses, voire contradictoires, il semble que celles-ci aient lieu théoriquement lorsque Jupiter transite dans les 4 signes fixes du zodiaque sidéral qui représentent les 4 éléments. Cela semble rejoindre la thématique traditionnelle du christianisme ésotérique qui associe les 4 évangélistes aux 4 signes fixes du zodiaque, également rassemblés dans la figure du sphinx égyptien. Cependant, en consultant les dates effectives des Khumba Mela de Nashik et d'Ujjain, on peut noter des incohérences par rapport aux données traditionnelles de l'astrologie Jyotish.

 

Les 12 jyotirs lingam

 

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Rameswaram_temple_%2811%29.jpg

Temple de Rameswaram. Source Wikipédia

Le mot lingam peut être traduit par marque ou signe. Il représente différentes choses dans la tradition indienne. Au niveau populaire, il est souvent perçu comme un symbole de fertilité tout en représentant le dieu Shiva. Cette double perception indique que la plus haute spiritualité peut s'incarner dans la matière et dans le corps et qu’il n'est pas indispensable d'être un renonçant pour suivre une voie spirituelle. Il existe deux types de lingam en pierre : le manusi lingam, façonné par la main de l'homme et le svayambhu lingam que l'on dit auto-manifesté ou auto-engendré.

Les 12 jyotirs lingams sont des svayambhu lingam qui n'ont pas été déplacés de l'endroit où ils sont apparus, un temple a été bâti afin de les abriter. Jyotir lingam signifie lingam de lumière et représente la conscience de Shiva. Une légende tirée des Shiva Purana indique comment ils sont apparus. Dans une époque reculée, Brahma, le Dieu de la création et Vishnu, le Dieu de la préservation, se disputaient la primauté et leur querelle produisait un grand désordre dans l'univers entier. Afin de mettre un terme à cette confusion, Shiva se manifesta sous la forme d'une immense colonne de lumière qui s'élevait depuis les profondeurs de la terre jusqu’au ciel. Il mit les deux dieux au défi de trouver le début et la fin de cette colonne. Vishnu se transforma alors en sanglier et creusa la terre à la recherche de la base tandis que Brahma se transforma en cygne et s'envola dans le ciel afin de trouver l'autre bout. Mais ils ne parvinrent pas à trouver les deux extrémités de la colonne, car la présence de Shiva est infinie. Ils prirent alors conscience de leur erreur et reconnurent Shiva comme le principe suprême. On dit que les 12 jyotirs lingams sont apparus aux endroits où Shiva s'est manifesté en une colonne de lumière et qu'effectuer le pèlerinage des 12 jyotirs lingam mène à moksha. Voici la liste des 12 jyotirs lingams qui représente chacun un aspect différent de Shiva :

 

 

Somnath (Gujarat)

Mallikarjuna à Srisailam (Andhra Pradesh)

Mahakaleswar à Ujjain (Madhya Pradesh)

Omkareshwar (Madhya Pradesh)

Kedarnath (Uttarakhand)

Bhimashankar à Pune (Maharashtra)

Temple de Kashi Vishwanath à Varanasi (Uttar Pradesh)

Tryambakeshwar à Nashik (Maharashtra)

Temple de Vaidyanath dans le district de Deoghar (Jharkhand)

Aundha Nagnath à Hingoli (Maharashtra)

Rameshwar à Rameshwaram (Tamil Nadu)

Grushneshwar à Ellora près d'Aurangabad (Maharashtra)

 

 

La symbolique du 12 dans le bouddhisme et le jaïnisme

 

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/25/Yama%2C_the_Lord_of_Death%2C_holding_the_Wheel_of_Life_Wellcome_V0017709F2.jpg

Roue du Samsara dans la tradition tibétaine

On trouve dans les enseignements du Bouddha une présentation du fonctionnement du karma qui entretient l'illusion du samsara, la roue des existences conditionnées dans laquelle demeurent les êtres des six classes. Il s'agit des 12 facteurs interdépendants qui s’enchaînent dans un processus cyclique. La reconnaissance de ce processus permet d'inverser la roue de l'ignorance (samsara) pour en faire une roue de connaissance (dharma).

 

Voici les 12 facteurs et les images qui les représentent :

 

    1. L’ignorance : un aveugle avance à tâtons en cherchant son chemin
    2. Les conditionnements : un potier façonne la matière
    3. La conscience : un singe s’agite dans les branches des arbres pour attraper les fruits
    4. Le nom et la forme : 2 hommes rament dans un bateau
    5. Les 6 domaines : une façade de maison à 6 fenêtres
    6. Le contact : un couple s’enlace tendrement
    7. La sensation : un homme a reçu une flèche dans l’œil
    8. La soif : un homme boit
    9. La saisie : un homme cueille le fruit d’un arbre
    10. Le devenir : une femme attend un enfant
    11. La naissance : une femme accouche
    12. La vieillesse et la mort : un homme porte un cadavre

 

Bien qu'il n'y ait pas de relation directe entre les 12 concepts et images représentant ces facteurs interdépendants et les 12 signes du zodiaque, on perçoit facilement l'analogie entre les deux. Au-delà d'une simple typologie psychologique, le zodiaque peut en effet être considéré comme un enchaînement cyclique que l'on expérimente en mode illusoire, tout comme la course des astres qui nous apparaît sur une bande céleste divisée en 12, qui n'a pas de réalité en elle-même.

Le grand maître tibétain Kalou Rinpoché (1905-1989) a enseigné en Occident un yoga simple et profond nommé Nang pé Yoga (yoga de l’intériorité), dans lequel les 12 facteurs sont expérimentés un à un dans un mouvement circulaire, en évoquant les images qui les représentent, avant de procéder à une inversion du sens de rotation symbolisant la reconnaissance du caractère illusoire de la roue du samsara. Toujours dans le bouddhisme, la période de 12 ans qui correspond au cycle de Jupiter est fréquemment citée dans les biographies des grands maîtres du passé comme un temps de maturation ou de réalisation. Les références au cycle de 12 ans sont multiples dans la vie des maha-siddha. Par exemple, Naropa dut affronter 12 épreuves majeures et 12 épreuves mineures pour recevoir l'enseignement de Tilopa qui lui permit de réaliser l’éveil au moment où Tilopa le frappa violement d’un coup de sandale.

Dans la tradition Jaïne, on vénère les 24 tirthankara (passeurs de gué) qui se sont manifestés afin de guider les êtres vers la libération. Mahavira, considéré comme le fondateur du jaïnisme moderne à l'époque du Bouddha Sakyamuni, est le 24ème. On notera que 24 est le premier multiple de 12 et que, par ailleurs, l'une des cérémonies les plus sacrées du jaïnisme a lieu tous les 12 ans au sud du Karnataka. Sur le site de Shravan Bengola, le lac blanc de l'ermite jaïn, se dresse une immense statue d'un ascète nu nommé Gomateshwara ou Bahubali. On dit que le saint homme, fils de Rishabha, le premier tirthankara appelé également Adhinath, réalisa l'éveil au terme d'une méditation qui dura 12 mois, durant laquelle il jeûna en demeurant debout sans bouger, complètement nu, de sorte que des végétaux lui poussèrent autour des jambes et des bras. Il est célébré tous les 12 ans dans une cérémonie d’aspersion et de purification haute en couleur.

 

Il existe encore bien des aspects en relation avec le 12 dans la tradition indienne. Par exemple les 12 alvar à l'origine de la transmission du yoga nidra, les 12 panta des yogis nathasampradaya, ou les 12 années d’exil des pandava dans le Mahabharata. Pour conclure, nous pouvons simplement ajouter que le nombre 12 représente une clef symbolique pour appréhender l'unité du microcosme et du macrocosme. Puissions-nous nous absorber au plus intime, au plus profond de notre cœur et réaliser que cette roue à 12 rayons de anahata chakra n'est pas différente de la roue céleste du zodiaque ! Mais puissions-nous également ne pas nous attacher à cette forme, en réalisant que cette roue peut tout autant comporter mille rayons !

Khristophe Lanier

Paru dans dans Infos Yoga n° 130 janv/fév. 2021.

Notes

 

[i] Voir article « La symbolique du 7 dans la tradition indienne », paru dans Infos Yoga N°129 – novembre décembre 2020.

[ii] Voir l'article « Astrologie et yoga » paru dans Infos Yoga no 93, été 2013 consultable sur : www.yoga-horizon.fr/astrologie-et-yoga/

[iii]Nous serions actuellement dans cette phase de passage de l'ère des poissons à l'ère du verseau.

[iv] Brihaspati est un des 7 rishi qui représente en général la connaissance, l’accomplissement.

[v] Les asura, souvent qualifiés de démons, sont aussi considérés comme des demi-dieux qui s'opposent à ces deniers afin de prendre leur place. C'est pour cela qu'ils sont nommés par les bouddhistes «dieux jaloux». On les considère souvent comme l'équivalent des titans de la mythologie grecque.

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