La polarité Lune-Soleil dans la transmission du yoga et du bouddhisme tibétain
Dans la tradition indienne, Vishnu incarne le principe solaire et Shiva le principe lunaire. On retrouve ces deux pôles dans le bouddhisme avec les figures emblématiques du Bouddha Shakyamuni et de Padmasambhava. Les différents courants spirituels sont plus ou moins marqués par le Soleil et la Lune, cette polarité imprègne l’expérience humaine et se retrouve naturellement dans toute transmission.
Principes solaires et lunaires
D’après la science moderne, le Soleil et la Lune sont à l’origine de la vie sur Terre. Sans le Soleil, il n’y aurait évidemment pas eu la Terre pour graviter autour de celui-ci. Et notre planète n’aurait ni la chaleur ni la lumière nécessaire à la vie. Mais sans la Lune, cette vie n’y serait peut-être pas apparue, car notre satellite a permis de stabiliser l’orbite de la Terre et ainsi d’établir des cycles saisonniers réguliers, condition indispensables au développement de la vie organique. Par ailleurs, l’attraction exercée par la Lune sur les océans a contribué à faire émerger cette vie organique du milieu aquatique, puis à rythmer le développement du végétal, de l’animal et de l’humain. L’espèce humaine s’est constituée dans la polarité féminin/masculin. Par analogie, le féminin a été associé à la Lune et le masculin au Soleil, mais nous verrons plus loin que ces associations restent relatives.
Depuis les origines de l’humanité, les deux luminaires dans le ciel, Soleil et Lune, ont constitué deux repères fondamentaux pour mesurer le temps et ont été à la base de tous les calendriers. Bien sûr certaines civilisations, certaines religions, ont davantage mis l’accent sur le Soleil ou sur la Lune, mais dans tous les cas, les deux luminaires sont présents en tant que représentants du jour et de la nuit. En généralisant, on peut dire que la pensée occidentale est davantage marquée par la vision solaire alors que la pensée orientale est plus empreinte de la présence lunaire. Mais bien évidemment, on trouve également des composantes lunaires en Occident et solaires en Orient. En Inde comme ailleurs, les deux luminaires sont associés au jour et à la nuit, à la lumière et à l’obscurité. Mais à cette polarité fondamentale s’ajoutent d’autres complémentarités plus relatives comme masculin / féminin, actif / réceptif, chaud / froid, sec / humide, continuité / discontinuité, extériorité / intériorité, exotérique / ésotérique, etc. Dans cette perspective, Soleil et Lune incarnent deux pôles complémentaires dans différentes traditions comme l’astrologie et le hatha yoga.
La polarité Soleil / Lune dans le sous-continent Indien
En Inde en général, le principe solaire est incarné par Vishnu et le principe lunaire par Shiva. Le Soleil dans sa position centrale constitue un repère immuable et même s’il est soumis à quelques fluctuations saisonnières, il brille tout au long de l’année. Il rayonne dans toutes les directions, on peut ainsi facilement l’associer à la continuité et à l’extériorité. Vishnu représente la conservation, la préservation de l’ordre moral et social, et aussi, la continuité de la présence du dharma qu’il maintient ici-bas à travers ses différentes incarnations ou avatars. Vishnu est souvent représenté avec son disque solaire, symbole de la lumière, du jour, de la vie. Comme le Soleil qui éclaire et rayonne en permanence en assurant la continuité de la vie, Vishnu préserve, maintient l’ordre naturel et l’ordre social à travers les cadres, les castes, les règles, les normes, les institutions et tout ce qui doit perdurer au grand jour. La Lune, à travers son cycle de croissance et de décroissance, d’apparition et de disparition, illustre la discontinuité, mais aussi l’intériorité, dans la mesure où elle est associée à la nuit et à l’intimité, à la féminité, à la vie intra-utérine, etc. Shiva représente la disparition, la destruction, la régénération. Il est souvent représenté avec un croissant de Lune dans son chignon, symbole de la nuit, de l’obscurité, de la mort. Il représente la capacité à transformer et aussi à transgresser les règles établies, à s’affranchir des conventions et cadres en usage. Il est en lien avec ce qui est secret, caché, ésotérique, il est le feu qui détruit, qui transforme, alors que Vishnu est le feu qui éclaire, qui réchauffe. Vishnu est à l’honneur dans les cérémonies de mariage, institution clé pour la pérennité de la vie humaine et de son cadre éthique. Shiva est présent dans les cérémonies funéraires, il assure le passage ultime dans les lieux de crémation. Il clôture le cycle de la vie humaine en ouvrant vers l’au-delà. On retrouve cette opposition caricaturée dans les clichés de certains films de Bollywood où le héros qui représente le bien apparait sous un aspect vishnouïte alors que les méchants qui incarnent le mal apparaissent sous un aspect shivaïte. Les différents courants spirituels indiens ont en général une dominante vishnouïte ou shivaïte. Les dévots de Vishnu se réfèrent surtout aux Veda et aux grandes épopées comme le Mahabharata et le Ramayana, tandis que les adeptes de Shiva penchent davantage pour les tantras et les agama. Les premiers optent en général pour les yogas classiques comme le bhakti yoga, le karma yoga et le jnana yoga, tandis que les seconds privilégient le hatha yoga traditionnel et d’autre yogas tantriques. Si ces courants présentent une certaine opposition dans la forme, cela n’engendre pas d’exclusion, car comme le jour et la nuit alternent naturellement, les principes de conservation et de transformation cohabitent en général sans trop de difficultés dans la métaphysique indienne qui est davantage inclusive qu’exclusive. Certains grands sages ont bien montré qu’il n’y avait pas à entretenir de clivage entre les traditions de Vishnu et de Shiva, par exemple Shankaracharya, qui institua le Maha Char Dham, grand pèlerinage de quatre cités saintes aux quatre points cardinaux de l’Inde : Kedarnath au Nord (un des principaux temples à Shiva), Puri à l’Est (demeure de Jagannath, une des formes de Vishnu ou de son avatar Krishna), Rameswaram au Sud (site ou Rama aurait rendu hommage à Shiva selon le Ramayana) et Dwarka à l’Ouest (site où Krishna fonda sa capitale). Nous pouvons citer également Abhinavagupta, qui disait qu’il rendait hommage à Vishnu à l’extérieur, à Shiva à l’intérieur, et à la déesse de façon secrète.
Hari-Hara : les deux faces d’une même divinité
On rencontre parfois une divinité présentant à la fois les attributs de Vishnu et de Shiva. Cette figure assez peu connue est en général nommée Hari-Hara, deux appellations désignant Vishnu et Shiva que l’on retrouve dans la double orthographe de la ville sainte de Haridwar (la porte de Vishnu), dénommé également Hardwar (la porte de Shiva), un des quatre hauts lieux spirituels qui accueille la Kumbha Mela. Hari est un nom de Vishnu qui signifie « brillant », « lumineux », « jaune » et qui désigne également le soma, l’élixir des Dieux ; Hara qui signifie « le destructeur » est un autre nom de Shiva. La combinaison des deux dieux en un seul personnage marque une volonté d’unification entre les deux principaux aspects du divin de la tradition Indienne. Hari-Hara est parfois nommé Shankara-Narayana[1]. Ce nom désigne aussi la petite localité du Karnataka où se trouve le principal temple dédié à cette divinité bipolaire. Ce temple est considéré comme une des sept merveilles créées par Parashurama, Rama à la hache, le sixième avatar de Vishnu. Chaque année en janvier, un festival a lieu dans ce site durant une semaine pour honorer Hari-Hara à travers des rituels et des célébrations. On peut voir dans la figure emblématique de Hari-Hara une volonté de dépasser les clivages partiaux mais il y a également un aspect historique important à prendre en compte. En effet, la divinité Hari-Hara s’est affirmée dans le Cambodge pré-Angkorien du VIIe siècle, époque à laquelle une partie du pays honorait Vishnu et l’autre partie Shiva. La figure de Hari-Hara a contribué à la réunification du pays et elle est devenue ainsi la divinité principale de la région avant de se diffuser en Inde et en Asie du Sud-Est. Par ailleurs, on retrouve Hari-Hara dans le temple de Matsyendranatha à Kathmandu où le grand yogi est assimilé à Avalokiteshvara, le boddhisattva de la compassion. Parmi les 108 représentations d’Avalokiteshvara qui ornent le temple, Hari-Hara constitue la quatre-vingt-quatrième[2].
Les principes de Vishnu et Shiva dans le bouddhisme Tibétain
Nous avons déjà abordé la relation entre le yoga et le bouddhisme[3]. Un autre aspect intéressant à noter est la continuité que constitue la voie du Bouddha par rapport à la tradition articulée dans la polarité Vishnu/Shiva. On sait que le Bouddha s’est positionné comme un réformateur dans la tradition Indienne dans la mesure où il ne reconnaissait pas le système des castes et où il a enseigné l’anatman (le non-soi) face au concept d’atman (le Soi) que certains avaient eu tendance à rigidifier. Le bienheureux se plaçait ainsi, sinon en opposition, au moins en décalage par rapport à la doctrine orthodoxe. Si son enseignement a été réfuté par de nombreux brahmanes durant plusieurs siècles, le Bouddha a fini par être reconnu comme le neuvième avatar de Vishnu. Certains pensent que Shankaracharya a été très influencé par le bouddhisme dans sa présentation de l’advaita vedanta, qui est parfois qualifiée de « bouddhisme déguisé ». L’enseignement de base du Bouddha Shakyamuni qui est exposé dans les sutras du Theravada met l’accent sur la tension à travers la méditation silencieuse. Mais parallèlement, il présente un cadre éthique à travers de nombreuses règles monastiques et laïques qui lui donnent un net caractère vishnouïte. Si le Bouddha ne reconnaissait pas l’ordre social des castes avec la prééminence des brahmanes, il n’en a pas moins proposé une organisation collective qu’il convenait de respecter pour préserver le dharma. Cet aspect a sans doute beaucoup contribué à sa reconnaissance comme manifestation de Vishnu. Cependant, le Bouddha Shakyamuni a ensuite fait tourner une deuxième fois la roue du dharma en enseignant en particulier la prajnaparamita (la perfection de la grande sagesse) où il expose la vacuité de tous les phénomènes afin que les auditeurs ne se fixent pas sur les premiers aspects de son enseignement. Il est dit qu’au moment même où Shakyamuni exposait la maha prajnaparamita au pic des vautours à Rajagriha, il apparaissait dans le sud de l’Inde sous l’aspect de la déité Kalachakra, pour enseigner le tantra du même nom. Ainsi, le Bouddha, après s’être manifesté au grand jour, de façon solaire, « vishnouïte », est apparu par la suite de façon davantage lunaire, ou « shivaïte ». Mais c’est dans la figure de Padmasambhava, souvent présenté comme une seconde manifestation du Bouddha que ce caractère s’est pleinement exprimé.
Padmasambhava : le précieux guru
La légende indique que Padmasambhava serait né d’un lotus sur le lac Tso Pema au pays d’Oddiyana, que l’on situe en général dans la vallée de Swat au Nord-Est de l’actuel Pakistan. Après avoir quitté son pays, il accomplit de nombreux prodiges en se dirigeant vers le Tibet pour y installer le dharma du Bouddha, dans sa forme tantrique : le vajrayana. Il dut affronter le clergé des bönpo et l’hostilité des divinités tutélaires locales qui s’opposaient à sa présence. Il réussit à subjuguer ces déités courroucées pour en faire des protecteurs du dharma. Sa popularité est immense au pays des neiges où les tibétains le nomment Guru Rinpotché, le précieux maître, protecteur du Tibet. Il est considéré à la fois comme une émanation du Bouddha Shakyamuni et une manifestation de Tchenrezi, le boddhisattva de la compassion. En observant l’aspect et l’histoire de Padmasambhava, il apparait à l’évidence comme une figure shivaïte. Il est représenté en général avec un trishula, trident rituel, principal attribut de Shiva. Il fréquente les charniers et les lieux de crémation ou il reçoit les enseignements ésotériques des dakinis. Dans une de ses manifestations courroucées, Guru Dragpo, il apparait avec un scorpion dans la main gauche, autre attribut secret de Shiva. Dorjè Drolë, une autre manifestation courroucée de Padmasambhava, chevauche une tigresse gravide. Encore une fois l’analogie avec Shiva est évidente car l’archétype des yogis est en général représenté assis sur une peau de tigre, symbole de puissance. Le lac est un autre aspect commun entre Padmasambhava et Shiva. Le premier naît dans un lotus sur le lac Tso Pema, puis transforme le bûcher sur lequel il était condamné en un lac à Rewalsar. De son côté Shiva est associé au lac Manasarovar situé au pied du mont Kailash dans le Tibet occidental. Padmasambhava transmit à Vairocana, un de ses principaux disciples, le yantra yoga qui met l’accent sur l’union du Soleil et de la Lune de façon similaire au hatha yoga traditionnel[4]. Il introduit au Tibet différents tantras qui constituent l’ossature du vajrayana. Il cache sur les hauts plateaux de nombreux termas, trésors spirituels destinés à être redécouverts au fil des siècles lorsque l’époque et les circonstances seront adaptées à leur diffusion.
Mais tout comme on ne peut pas limiter Shakyamuni à son aspect solaire, vishnouïte, on ne peut pas cantonner Padmasambhava à son aspect lunaire, shivaïte. En effet, il a également œuvré au grand jour en fondant au Tibet le monastère de Samyé et l’ordre monastique Nyingmapa, l’école des anciens. Dans une de ses huit manifestations principales, il apparait sous la forme d’un moine : Shakya Sengue, le lion des Shakya.
Vêtus de blanc, vêtus de rouge
Après l’époque de Padmasambhava a suivi au Tibet une période de trouble puis une seconde introduction du bouddhisme, avec en particulier les figures de Atisha, qui fut à l’origine de l’école monastique Kadampa et Marpa Lotsawa, initiateur de l’école Kagyupa. Marpa eu comme principal disciple le grand yogi et poète Milarepa, une des figures majeures du bouddhisme tibétain qui exprimait sa réalisation à travers des chants spontanés qui devinrent célèbres sur le toit du monde. Les exploits de ce yogi vêtu de coton blanc sont consignés dans les cent mille chants de Milarepa. Si le mont Kailash est la demeure de Shiva pour les indiens, il est la demeure de Milarepa pour les tibétains. Les deux personnages sont souvent assimilés par les pèlerins qui circumambulent autour de la montagne sacrée, qu’ils viennent des hauts plateaux tibétains ou des plaines du Gange. A la suite de Milarepa, de nombreux repa, « yogis vêtus de coton blanc », se disséminèrent dans les Himalayas et au pays des neiges. Milarepa eut deux disciples principaux, le premier se nommait Rechungpa, d’après la tradition, « il était comme la Lune ». Le second se nommait Gampopa, « il était comme le Soleil », il institua la tradition monastique Kagyupa. Les premiers étaient vêtus de blanc, les seconds de rouge, la polarité Lune/Soleil est évidente et renvoie aux deux nadi latérales ida et pingala, que les tibétains nomment kyangma et roma. Si la polarité Lune/Soleil est évoquée par les robes rouges et blanches des pratiquants, elle l’est aussi par les deux modes de transmission des enseignements : kama et terma. Kama désigne la transmission orale, de bouche à oreille, dans une lignée ininterrompue de maître à disciple, tandis que terma désigne la transmission par les trésors spirituels cachés, découverts par la suite par des tertön. La première transmission est comme un fil ininterrompu dont la continuité évoque le Soleil, la deuxième est davantage cyclique, sa discontinuité évoque la Lune. La transmission orale, kama, évoque le fil des sutras, tandis que la transmission terma des trésors cachés, rappelle la trame du tantra. On a souvent tendance à considérer une lignée de transmission d’une façon simple comme une chaîne, chaque maillon représentant un maître, on peut cependant l’illustrer de manière plus complexe par analogie avec les trois nadi. La lignée possède une composante lunaire et une solaire, comme ida et pingala nadi, mais sa quintessence demeure dans l’axe central de sushumna nadi que les tibétains nomment uma. Si la pérennité de la lignée est assurée par la continuité de la transmission de maître à disciple (aspect solaire), cette lignée peut être revivifiée périodiquement par des manifestations soudaines et inattendues qui échappent à la vision linéaire du temps (aspect lunaire).
Ardhanarisvara, le Shiva androgyne
Il existe dans la tradition Shivaïte, une divinité hybride qui présente d’un côté l’apparence de Shiva et de l’autre celle de Shakti. Cette figure nous rappelle que la dualité masculin / féminin qui s’actualise dans notre corps physique au niveau grossier ne concerne pas les autres plans de notre manifestation. Que l’on se reconnaisse à l’extérieur comme femme, homme ou autre, nous possédons tous à l’intérieur des qualités féminines et masculines, réceptives et actives, lunaires et solaires. Celles-ci sont véhiculées dans les canaux latéraux ida et pingala qui entretiennent le jeu du monde que l’on nomme Maya. Les pratiques du hatha yoga traditionnel visent à dépasser les identifications à ce jeu d’alternance et à unifier les énergies du Soleil et de la Lune dans notre axe central, madya marga. Dans le yoga tantrique, Shiva incarne le principe masculin, et Shakti le principe féminin. Mais Shiva est associé à la Lune et Shakti au Soleil. Cette inversion dans la polarité est pleine de sens, mais nous ne pouvons pas le développer ici. Cela devrait nous inciter à ne pas nous fixer sur nos différentes identifications : neti neti.
Quelle que soit la dominante du courant spirituel auquel nous sommes rattachés, il est important de reconnaitre en soi les flux de la Lune et du Soleil pour mieux les harmoniser et les intégrer dans la transmission qui alterne réception et émission.
[1] Shankara est un autre nom de Shiva, tandis que Narayana est un autre nom de Vishnu. A noter que l’ordre des divinités est inversé par rapport à Hari-Hara.
[2] Cf. « Le mala de rudraksha : la symbolique du nombre 108 », InfosYoga n°102, mai/juin 2015, « La symbolique du nombre 108 », InfosYoga n°108, été 2016, et « La symbolique du 84 dans la tradition indienne » InfosYoga n°131, mars/avril 2021. Ces trois articles sont également disponibles sur le site de Yoga Horizon : https://www.yoga-horizon.fr/category/yoga-et-connaissance/
[3] Cf. « Yoga et bouddhisme, les retrouvailles en occident », Infos Yoga n° 97, mai-juin 2014 et « Le temple de Matsyendranatha à Katmandou, une belle coexistence entre Shiva et Bouddha », InfosYoga n° 114, novembre/décembre 2017.
[4] Voir Yantra yoga, le yoga tibétain du mouvement, Namkhai Norbu Rinpotche, Almora, 2017.
Article publié dans la revue Infos Yoga N°139 Octobre 2022.
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