Depuis une trentaine d'années, je pratique l'escalade avec plus ou moins d'assiduité.
Avec mon compagnon, guide de haute montagne, nous avons grimpé dans les Alpes, à l'étranger, en falaise, en grande voie en montagne ainsi qu'en salle pour maintenir un niveau de force, de souplesse et de technicité. Nos destinations de voyage étaient en fonction des pays dans lesquelles nous pouvions faire quelques ascensions de sommets et/ ou escalader des parois.
Je pratique le yoga depuis sept années de façon irrégulière et grâce à la formation, ma pratique est devenue journalière.
Le yoga m’aide en escalade et l'escalade m’aide en yoga.
Je vais essayer de mettre en mots les similitudes, les ressentis, la conscience de soi, le souffle, le vide, le corps, la verticalité, les sensations … communes à ces deux pratiques.
De l'importance du souffle
En pratiquant différents souffles en pranayama, je me suis aperçue de son importance au niveau du mental. Grimper également nécessite une grande part du mental. Vaincre sa peur du vide, la peur de tomber (dérocher), la peur de mourir (ou de se faire mal).
Le bhastrika m’aide à passer un pas délicat et aussi à enchaîner les difficultés rapidement, pour plus de fluidité afin d’éviter d’exploser et finir la voie au lieu d’abandonner ; de même en yoga lors d’un asana difficile pour moi.
Un souffle léger quant à lui, est nécessaire dans tous les pas d'équilibre.
Une grande expiration longue et profonde m'aide à me lancer en fil d'araignée pour la descente en rappel d'une paroi rocheuse (suspendue à une corde dans le vide) par exemple, relâcher les tensions, lâcher prise.
Un Murcch'ha adapté vient automatiquement, quand il faut se jeter sur une prise : utiliser le rocher pour s'accrocher.
Apprivoiser la peur
L'escalade, c'est aussi le plaisir d'être suspendu en plein vide, l'apprivoiser, aller au-delà de sa peur et s’y trouver bien. Comme sur un tapis de yoga, aller se confronter à son propre vide mental poumons vides. Grimper, c'est aller toujours plus haut; l'élévation physique qui peut conduire à une sorte d'élévation mentale, spirituelle, une ouverture à plus grand que soi. En yoga je dois me préparer, me mettre dans un état propice afin de saisir l’instant présent.
En escalade, c'est immédiat ! On quitte le sol, on quitte la terre, et si on est ailleurs, on tombe ! C'est une discipline qui peut révéler notre état intérieur, qui peut témoigner d'une dispersion ou au contraire une réunification de l'énergie au niveau de l'abdomen.
La pratique de l'escalade demande de la volonté, de la détermination, de la force, de la vitalité, de la présence à notre corps animal face à la verticalité, une sorte de méditation en mouvement.
Dans certaines postures de yoga, ces qualités sont nécessaires, c'est pourquoi je choisis certains asanas pour progresser en escalade et vice-versa.
Yoga et escalade, une recherche d'unité
Grimper demande de l'ancrage comme la marche et le yoga. On va de déséquilibre en déséquilibre sur les pieds ou sur la tête. Etre un corps plutôt que de posséder un corps, parler à son corps.
Le mouvement et la pensée sont profondément unis.
Spinoza a écrit “personne ne sait ce que peut un corps parce que personne ne sait comment l'esprit réagit sur le corps.”
La pratique de l'escalade et du yoga permet d’éprouver son corps, une manière de s’éprouver soi.
Comme l’a écrit Bourdieu “le corps fonctionne comme un langage par lequel on est parlé”.
La verticalité amène des sensations très fines, très délicates ainsi qu'une recherche de justesse dans la vie, une adéquation, un accord entre mes pensées et mes actes.
L'escalade est aussi une rencontre avec la matière : le rocher est tellement différent : calcaire, granit, gneiss, schiste ardoise, pudding … c'est une activité sensorielle, sensuelle, on caresse, on apprécie le grain d'une roche comme le grain d'une peau ou bien le grain est abrasif, coupant, glissant, peu adhérant .
On visualise la voie à grimper, comme on visualise un enchaînement d'asanas les yeux ouverts, les yeux fermés.
Quand je pratique l'escalade et le yoga, je ressens de plus en plus cette conscience de l'instant présent, d'être là et de le vivre intensément. La notion du temps disparaît, et parfois des moments de grâce et de joie dans mon cœur arrivent quand tout est fluide pour aller dans le dépassement de soi. Quel bonheur !
Une manière d'appréhender la vie
A contrario, j'aime aussi ces moments intenses d'efforts qui sont très fréquents dans la pratique de l'escalade, dans certains asanas et aussi de me tenir à une pratique régulière.
La grimpe et le yoga sont un art de vivre et aussi de belles pratiques, pour traverser certaines épreuves de la vie.
Finalement, elles donnent du rythme à ma vie, me sentir vivre par le mouvement et aussi par l'immobilité.
Parvenir au sommet d’une grande voie en montagne, pratiquer shirshâsana ou kapalâsana, prendre une assise, scruter l’horizon, être à l’écoute des sons, fermer les yeux et sentir le va et vient d’un souffle léger, puis, sourire à la vie dans l’immobilité.
SHANTOSHA
Fabienne
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