Difficile de rassembler mes neurones rationnels pour relater, avec distance et objectivité, un tel voyage que je qualifie volontiers d’initiatique… Les sensations s’accumulent pêle-mêle, à la mesure de toute cette floraison d’émotions, de contrastes saisissants, cette fluorescente palpitation d’une culture aux antipodes de nos codes et de notre entendement.

Bien sûr, on ne peut prétendre connaître l’Inde (dix fois la France en superficie !) en si peu de jours : tout juste l’appréhender, avec la lenteur nécessaire, le respect, la tendresse, reconnaissant de leur propre tolérance à nous accepter si vite parmi eux. Oui, s’apercevoir tout d’abord qu’avec notre mode de vie confortable, nos lois rigides, notre matérielle sécurité, nous nous étions comme peu à peu éloignés d’un essentiel… Que ce gigantesque pays nous rappelle et nous enseigne brusquement !
Car tout ici semble précieux, recyclable, modulable à souhait… Même les sentiments.

Impression première : un corps social mouvant en fusion permanente où tout se frôle et s’entremêle dans un apparent désordre généralisé… À l’arrivée, une houle d’hommes et de femmes s’accordant harmonieusement malgré tous les pièges et les dangers potentiels rôdant à longueur de rues (surtout à Calcutta) : extrême pauvreté, anarchie d’un code de la route sans foi ni loi, impitoyable vacarme des cités tentaculaires, pollution infectes, effervescence permanente d’une foule bigarrée…

Au cœur de cette multitude parfaitement incontrôlable, on peut croiser au quotidien des êtres épris de bonté et de sollicitude… Quelques regards où l’on plonge sans retenue : pureté, dignité ordinaires de ces Indiens témoignant d’un savoir-vivre ensemble. Voilà pour le trait général…

Je me sens recentré au sortir de ce périple de vingt jours au parfum d’éternité… Moi qui, avant le départ, fut un tantinet méfiant vis-à-vis d’un hindouisme exotique, si attractif dans l’inconscient de nos Occidents en manque de spiritualité…

Je sors de ce court périple comme sculpté de l’intérieur, dérangé dans mes critères raisonnables, mais osons le mot : bouleversé… Heureux !

Morice Bénin

Extrait de "La vie absolument", Cœur Nomade
Pour consulter le site de l'auteur : http://moricebenin.fr

 

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