Par Christian Tikhomiroff

Quelle est la spécificité du natha yoga ? Il y a assez peu de différences entre hatha et natha yoga. Le hatha yoga est issu du natha yoga. On peut dire que c’en est la forme ascétique, utilisée par les ascètes et les renonçant, alors que le natha yoga est la pratique des gens vivant dans le monde et occupant une situation sociale normale (travail, famille, enfants…).

Hatha et natha yoga

Si on essaie de faire un distinguo entre ces deux façons de faire, on peut dire que le natha yoga est essentiellement tantrique, qu’il insiste donc beaucoup plus que le hatha yoga sur certains points tels que le plaisir, l’imaginaire, la saveur, l’efficacité rapide, l’indépendance personnelle.

Notre esprit cartésien réclame des catégories pour mieux appréhender, cerner la réalité des choses, alors qu’en Inde et dans le yoga, tout est bien plus flou et mouvant. Les frontières sont élastiques, poreuses, ce qui limite l’efficacité d’une classification et la rend même responsable d’erreurs et de contre-vérités.

Nous allons aujourd’hui simplement essayer de préciser les éléments constitutifs et les ambiances du natha yoga. Même si l’on peut affirmer que dans le natha yoga, chaque école a sa méthodologie propre, on peut quand même lister un ensemble de pratiques et de façons de faire communes à l’ensemble des écoles. En ce qui concerne les ambiances, les projections, les perspectives, disons les éléments philosophiques, un peu métaphysiques également, mais pas seulement, cela implique aussi une pratique. Dans le natha yoga on va avoir en permanence le rappel de ces éléments.

Le natha yoga, une voie de connaissance

D’abord la connaissance de soi (intérieure) et dans le monde.
La connaissance intérieure est physique, énergétique, et mental. Toute la pratique, toute la philosophie, toute la métaphysique, mènent, tendent à réaliser cette connaissance de soi intime.
Mais elle est aussi articulée avec la connaissance du monde extérieur. Et là l’image qui vient et qui décrit le mieux la façon de voir le monde extérieur c’est celle de la vitre.
En fait le yogi est un témoin, un spectateur situé derrière une vitre, qui regarde passer dans la rue … le monde qui défile, qui fait son jeu, son spectacle, tout ce qui est la réalité quotidienne. Mais même si l'implication dans le monde est complète, il faut avoir le sentiment que nos yeux sont des vitres et qu’en fait, derrière la vitre, c’est dans ma maison, je suis à l’intérieur. Et c’est de l’intérieur, de chez moi que je regarde le spectacle du monde en tant que spectateur et évidement bien sûr, en tant que qu’acteur aussi.

Il y a donc en permanence une légère différence ou une légère conscience simultanée du monde intérieur et du monde extérieur. Comme quand vous êtes dans une pièce chez vous et que vous regardez à l’extérieur à travers votre vitre soit la rue soit ce qui se propose à vos yeux. Vous savez que vous êtes à l’intérieur et que vous regardez derrière ces vitres le monde extérieur. Et bien cette manière-là de faire, de participer au monde double avec le monde du dedans et le monde du dehors, est typiquement celle du natha yoga. Et plus généralement disons-le aussi, celle du tantrisme.

Un autre point qui apparaît souvent est la conscience de la vie et de la mort. Dans cette voie du natha yoga, vie et mort sont indissociables et en permanence on essaie de se rappeler cette continuité entre le point de la naissance et le point de la mort. De façon à mieux saisir l’essentiel des choses dans ce qui nous arrive. Souvent on se noie dans un verre d’eau. De petites choses nous paraissent des catastrophes et nous contrarient ou altèrent notre relation à nous même ou aux autres, alors qu’en fait c’est si peu de choses face au destin, à la destinée et face à ce qui nous attend finalement : la mort.

Conscience de la mort, recherche de la saveur

Et cette conscience régulière, profonde, intime de la mort nous amène à relativiser beaucoup de choses et à prendre systématiquement le bon côté des événements et à chercher en permanence la notion de plaisir et de saveur dans tout ce qu’on accomplit, dans tout ce qui nous arrive. Quand on a compris que de toutes les façons, la fin du chemin est connue, et bien le tantrisme et le natha yoga insistent sur le fait qu’avant le terminus, il faut pouvoir jouir de tout. S’amuser de tout et tout savourer. Donc les contacts que l’on a avec la vie quand l’énergie monte, les contacts que l’on a avec la mort à l’intérieur de soi quand le souffle s’arrête, quand la pensée s’arrête, sont des enseignements riches, qui nous apprennent à vivre et à nous tenir dans l’instant présent, libres finalement de toutes nos rengaines et de tous nos aspects négatifs.

Encore un point important dans le natha yoga, c’est la relation qu’il y a entre souffrance, plaisir et solitude. Évidemment, on peut considérer le monde sous la vision de la souffrance. Quand on regarde comment se passent les choses, on se rend bien compte que la souffrance est omniprésente. De toutes les façons, ce qui est né étant destiné à mourir, tout s’inscrit d’une façon ou d’une autre dans un processus ou dans une perspective de douleur, qu’elle soit physique ou qu’elle soit affective, ou liée à la séparation. Mais également tout est plaisir, toute situation, dans chaque situation à chaque instant, une notion de saveur et de plaisir, quelles que soit par ailleurs les difficultés que l’on rencontre. Donc une notion de saveur, de plaisir, de jouissance peut être saisie à l’intérieur de soi, à l’extérieur de soi, dans la vision d’une fleur, dans un regard ami, dans un plaisir lié au goût, à la bouche, au sexe ou au toucher, dans une entente, dans une affection ou dans un amour. Tout le temps, la notion de plaisir est l’autre plateau de la balance. D’un côté la souffrance et l’autre côté le plaisir.

Si l’on ne fait rien, que l’on n’a pas d’attitude, pas de vigilance, pas de culture, pas d’éducation personnelle dans ce sens-là, et bien on sera souvent et presque sûrement amené à goûter la difficulté de la vie, la difficulté des événements et donc la souffrance. Alors que le natha yoga insiste beaucoup sur cette culture du plaisir, sur cette culture de la saveur, de la jouissance dans l’instant. Vous avez sûrement remarqué que certaines pratiques sont difficiles : soit des postures, soit des mudrâs, ou des souffles et que systématiquement, on insiste sur la saveur. Il n’y a pas, il n’y a jamais et il n’y aura jamais que la souffrance, que la difficulté. Forcément, il y a l’autre plateau de la balance, qui est la saveur et le plaisir. Donc le natha yoga insiste énormément là-dessus.

Et saveur, et souffrance sont en relation avec la notion de solitude. En fait, s’en rendre compte, accepter, et aimer définitivement notre solitude, aimer et accepter cette solitude, c’est presque automatiquement aller vers le sens de la jouissance, du plaisir et de la saveur.
En fait la souffrance d’une certaine façon « nous rassure ». La souffrance nous permet aussi d’exister et nous permet aussi d’une certaine façon, en nous sentant reliés aux autres et au fonctionnement de presque tout le monde, de se sentir moins seul. Et c’est vrai que le vécu, la vision, la sensation du plaisir nous renvoient beaucoup à notre solitude, même si cela vous parait dans l’instant paradoxal.

La saveur, la jouissance est du domaine de la pure intimité et de la pure solitude. Et nous sommes seuls dans la réalité, même si nous aménageons par nos relations familiales, sociales, par le travail, etc, cette solitude. Nous la pomponnons, mais en réalité on est seul. Comme dit le texte, l’homme (ou la femme bien sûr), naît seul et il meurt seul. Et seul il reçoit le prix de ses actes. C’est dans les lois de Manu, l’ancien livre de la tradition indienne. Comprendre ça, c’est saisir l’essence de la vie et aussi l’essence de nos malaises et de nos mal-être. Nous devons accepter que d’une part il y a la souffrance et d’autre part le plaisir, que le choix nous appartient, que c’est notre liberté ou notre culture. Et par ailleurs, intrinsèquement, consubstantiellement tous les êtres humains sont seuls. Tant qu’on n’a pu comprendre et accepter ça, il ne peut y avoir que des déséquilibres, que des souffrances et des malheurs dans une vie.

Les triades majeures du natha yoga

Les quatre états de conscience

Ensuite au niveau de nos fonctionnements, le natha yoga insiste beaucoup sur les trois états et le quatrième, liés aux fluctuations mentales, qui sont l’état de veille, l’état de rêve et l’état de sommeil et le quatrième état englobe les trois précédemment cités.
En fait, la recherche dans ce yoga c’est d’arriver à conserver un fil de conscience continu, identique, que je sois en état de veille, de rêve ou de sommeil. Évidemment ce n’est pas facile. C’est le propos des techniques comme yoga-nidrâ, de certaines méditations ou du pranayama. Évidemment si j’arrive à conserver ce fil conducteur de conscience tout au long de mes vingt-quatre heures, je serai forcément un habitant beaucoup plus présent de maison intérieure, de mon monde intérieur.

Ensuite, le natha yoga insiste encore sur trois triades :
Énergie morale et doute
Icchâ jnana kriyâ
Manas prana et ojas

Energie, morale et doutes

La première triade « énergie morale et doute » met en avant le jeu de l’énergie et de la puissance personnelle qui concerne en fait toute la partie technique liée au souffle, aux mudrâ dans le natha yoga.
Notre énergie doit être pure, de façon à circuler librement indépendamment des conditionnements de la société, donc de la morale et du doute que cela entraîne à l’intérieur de nous. Naturellement l’être humain est un être moral, c’est-à-dire qu’il codifie des choses qui lui paraissent utiles pour la protection de la société. Et naturellement l’être humain est un être de doute car sa vie ordinaire bien souvent est une vie de doutes, de questions et d’angoisse.

Le natha yoga dit qu’il faut développer assez d’énergie pour se libérer de la notion de morale comme valeur personnelle. Bien sûr que la morale sociale, civile est indispensable quand on vit en groupe, et que le respect de celle-ci est inéluctable mais ces valeurs-là ne sont pas forcément les valeurs qui doivent nous conditionner, qui doivent nous établir dans notre réalité intérieure. Il ne s’agit pas d’approuver ou de désapprouver la morale extérieure, mais de ne pas en tenir compte pour notre intériorité.
Ceci n’est pas une valeur personnelle, choisie.

La seule valeur personnelle et choisie, c’est la valeur de la conscience et de l’énergie, donc de l’unité dans l’instant présent dans lequel la morale ou la non-morale (ou quoi que ce soit de cet ordre) n’a strictement aucune place. Le doute en fait, c’est ce qui fait avancer ou qui plombe l’individu et l’être humain.

Le doute est peut-être créateur, salvateur car il nous remet en cause, en question, mais souvent le doute nous accable, nous crée des remords, de la culpabilité et nous empêche de faire, d’agir et d’avancer. Donc encore une fois, c’est une question de qualité d’énergie. Avoir une énergie assez pure, assez régénérée, assez renouvelée pour pouvoir vivre indépendamment, au-delà du doute et des conditionnements de la morale.

Volonté, connaissance, action

La deuxième trilogie ou trinité si l’on peut dire, c’est icchâ (la volonté, le désir) jnana (la connaissance, le savoir) et kriyâ (l’action). C’est donc tout acte, toute seconde de l’être humain qui se passe dans icchâ, jnana et kriyâ.

Manas, prana, ojas

Comme dans la troisième trilogie qui est manas (le mental), prana (le souffle vital) et ojas (l’énergie vitale ,la sexualité , l’énergie sexuelle créatrice).

Ces deux triums sont là en permanence, en action à l’intérieur de moi. Cette prise de conscience que quand icchâ est concerné, jnana et kryia le sont aussi, ou quand prana est concerné, manas et ojas le sont également. C’est donc une prise de conscience de nos fonctionnements intérieurs ,de notre méthodologie, de notre action intérieure. Et donc cette prise de conscience permet de mieux habiter notre maison, notre monde intérieur.

La dimension thérapeutique du natha yoga

Ensuite les points souvent développés et qui sont importants dans le natha yoga sont « thérapeutique et longévité ». En effet, l’ensemble des pratiques sont prévues au départ pour cela : se soigner, se guérir, ou  prévenir les maladies.
Et la longévité, c’est vivre plus longtemps en bonne santé évidemment. Pourquoi ? eh bien les natha yogis sont sûr d’avoir une vie. Ce qu’on a eu avant, ce qu’on aura après, tout cela sont des hypothèses que personne dans la réalité ne peut vraiment confirmer. Personne ne peut véritablement en avoir vraiment l’expérience. Ce que je sais, c’est que j’ai une vie. Dans cette vie, que je vive assez longtemps pour réaliser cette connaissance de moi, cette union, cette unité proposée par le yoga, et que je ne sois pas embêté par la maladie, par les troubles.
Donc beaucoup de techniques ont des visées thérapeutiques, préventives ou curatives et par là-même des visées de longévité.
Ensuite encore un élément dans le natha yoga c’est le temple, le corps.
Le corps est le temple. C’est notre église, notre mosquée, notre synagogue peu importe, ce que vous voulez. Libre évidemment de tout dogme, de toute contrainte puisque c’est nous, c’est moi.
Et c’est dans ce temple que doit se faire l’offrande et le sacrifice. C’est là que doit monter la puissance personnelle et que doit se faire le don de soi. C’est là que se développe la verticalité, la compassion. C’est dans ce temple là que l’on a accès au visible et à l’invisible, à l’union de la conscience et de l’énergie. Le temple est donc cette pièce, ce champ d’expérience dans lequel je vais essayer d’expérimenter, de vivre dans la plus grande intimité, dans la plus grande saveur personnelle l’ensemble de ce que l’on vient de dire : offrande et sacrifice, puissance personnelle, don de soi, verticalité et compassion, lien avec le visible et l’invisible, et l’union entre la conscience et l’énergie.

La nécessité d'improviser

Enfin un élément important aussi dans le natha yoga, c’est l’improvisation. Tout ce que l’on apprend ne sert qu’à improviser notre pratique personnelle. Si vous êtes enseignant, un jour bien sûr vous devrez tout simplement restituer ce que vous avez appris, comme vous l’avez appris. Mais pour une pratique personnelle c’est un autre jeu, c’est une autre façon de faire, une autre façon de jouer la partition : vous devez improviser et par là-même trouver votre propre yoga. Ce qui est bon pour vous ce qui vous correspond exactement, et que personne d’autre à part vous ne peut trouver et ne peut vous révéler.

Trouver sa part d'immobilité

On trouve également comme point fondateur la notion d’immobilité dans le natha yoga.
L’immobilité, c’est dans l’instant la force et la puissance, et quoi que je fasse, que je mange, que je dorme, que je travaille, je peux en même temps être relié en moi à l’immobilité ou à une partie immobile ou un fonctionnement immobile. Il faut que dans le mouvement permanent de la vie, j’ai toujours un rapport avec l’immobilité.

Sat, chit, ananda

Dans les éléments qui fondent le natha yoga et ses niveaux les plus élevés, il y a sat (être), chit (conscience) et ânanda (béatitude).
Cet espace, ce mode de fonctionnement, cette propriété qui est la nôtre est finalement presque le plus haut du chemin, presque le terminus. C’est vers cela que l’on va : goûter et savourer l’être, la conscience, la béatitude, après avoir travaillé sur le corps, sur le souffle, notre septième ciel d’une certaine façon, notre septième ciel de yogis. C’est là où on atteindra « la récompense de notre cheminement », et où on sera dans la saveur et le plaisir en permanence : Sat (être), chit (conscience) et ânanda (béatitude).

Les 22 anga (membres) du natha yoga

Le natha yoga comporte plusieurs membres. Vous connaissez par exemple les membres classiques du Raja yoga, le patanjala yoga, ce que l’on appelle l’ashtanga yoga. Les huit membres yama, niyama (observance, refrènement), asana, pranayama (…).
Le natha yoga en général propose beaucoup plus en fait. Il en propose vingt-deux. Alors ce n’est pas que la pratique est beaucoup plus importante mais qu’elle est divisée différement.

1) Le premier membre c'est kriya, les purifications, les nettoyages : nettoyage du corps, nettoyage des souffles, des énergies. On va retrouver le nettoyage du nez, certains nettoyages du ventre avec des uddîyânâ banda, des naoli kriyâ… Mais c’est quand même assez limité. Le principal nettoyage pour le natha yoga est le pranayama.
2) Le deuxième membre, c’est la posture : asana. Rien à dire, vous connaissez.
3) Le troisième membre, c’est le pranayama. Là aussi, on connaît bien ce qu’est le pranayama, à quoi ça sert.
4) Le quatrième membre, c’est le mûla bandha, une technique que l’on connaît bien évidemment. C’est un membre à part entière tellement son importance est forte. Pour ce type de yoga, serrer l’anus, faire monter l’énergie par là, concentrer, condenser, rendre hermétique est si important que cela en devient un membre du yoga au même titre que la posture ou le souffle. C’est pour cela que souvent, vous m’entendez insister sur mûla bandha. Serrer la base.
Donc pour le natha yoga, on a des souffles, on a des pratiques. On a pu en voir, et on en verra d’autres bien sûr qui sont excessivement puissantes, excessivement verticales, qui rassemblent, qui concentrent qui rassérènent au milieu de l’axe.
5) Ensuite, il y a les bandha. Tous les autres bandha. C’est le cinquième membre du natha yoga.
6) En sixième membre, on va trouver Viparîta Karanî mûdra. Là aussi c’est un membre un peu particulier : c’est l’ensemble des postures inversées, et soyons clairs, essentiellement Shirsâsana.
Shirsâsana est un élément important, essentiel dans cette pratique-là. Dans Shirsâsana, on va faire des souffles, se concentrer, méditer. Donc si Viparîta Karanî mûdra est un membre à part entière, cela détermine son importance. Cela veut dire que les postures sur la tête doivent être faites tous les jours ou presque.
7) En septième membre, on va trouver les drishti. Les pratiques oculaires. Là aussi, les pratiques oculaires ont une importance énorme, colossale dans le natha yoga, elles sont liées au souffle, à des visualisations. Vous en savez quelque chose déjà.

 

9) En neuvième membre, on va trouver les mantras. Les mantras que l’on utilise tout le temps dans les postures, dans les souffles, mais aussi les mantras travaillés exclusivement, spécifiquement, seuls, associés ou pas à des souffles et à des visualisations.
10) En dixième membre, on va trouver les yantra, les figures géométriques. Donc d’abord la confection et ensuite le travail sur et avec les figures géométriques.
11) En onzième membre on va trouver chakra dharana. La concentration sur les chakras. Là aussi l’ensemble de notre pratique s’articule autour de la structure énergétique et, dans la structure énergétique, autour des chakras. Donc on a beaucoup de souffles, beaucoup de concentrations, beaucoup de méditations qui doivent être faites exclusivement sur les chakras pour de fois en fois arriver à se sensibiliser, à se rapprocher peut-être, à avoir une connaissance réelle de nos contenus subtils, vibratoires, énergétiques. C’est un membre à part entière.
12) Le douzième membre est nyasa, les massages énergétiques. On en a un peu fait déjà au niveau du cœur. Il en existe d’autres. On en verra d’autres.
13) Le treizième membre est le pratyâharâ : le retrait des sens, la capacité à s’isoler du monde extérieur, et à percevoir nos perceptions sensorielles à l’intérieur et donc forcément au niveau mental et au niveau souffle, à percevoir et à suivre cette rétraction.
14) Le quatorzième membre est le yoga-nidra. Vous avez également ce que c’est : c’est le travail sur le sommeil conscient. C’est tout un travail dont on parlait tout à l’heure pour arriver à dégager un filet de conscience, quels que soient les états par lesquels passe le mental dans la journée ou la nuit. C’est un membre à part entière.
15) Le quinzième membre c’est dharana. C’est la concentration. Vous savez, ce n’est pas la peine de faire un dessin, on sait ce que c’est.
16) Le seizième membre c’est dhyâna: la méditation. Là aussi on connaît bien.
17) Le dix-septième membre c’est yajna. C’est le rituel. C’est un espace particulier que l'on pourra également appeler puja qui en fait est un espace collectif. En général on connaît peu ou pas d’espace collectif à part celui-là. Le rituel, c’est un moment où plusieurs yogis se réunissent pendant plusieurs heures ou plusieurs jours pour travailler ensemble, pour pratiquer ensemble, pour nourrir un tronc commun d’énergie dans la conscience.
18) Le dix-huitième membre c’est shiva-shakti. L’unité, l’union, la fusion. C’est l’essence même du yoga de la conscience et de l’énergie.
19) Le dix-neuvième membre c’est prana kundalini. C’est donc un espace dans lequel après avoir un peu tout maîtrisé, on va essayer de stimuler à travers le souffle l’éveil de l’énergie de kundalini. Ce n’est pas quelque chose qui va nous concerner dans cette formation. Mais en même temps sachez que vous en aurez sans doute les moyens.
20) Le vingtième membre c’est shiksha. C’est le travail médical et thérapeutique. Certaines écoles mettent en avant cela, que l’on acquiert la capacité de se soigner, donc l’idée de soigner les autres. Il y a un membre qui est prévu pour cela, éventuellement, et dans lequel on peut apprendre la manière de se soigner, et de façon beaucoup plus précise, et de soigner les autres. C’est une partie importante de notre pratique. Là aussi cela ne fera pas partie de notre formation.
21) Le vingt-et-unième membre c’est mûnâ : le silence. Le travail sur le silence. Ne pas parler, ne pas écrire, ne pas penser. Ceci est un espace particulier dans lequel chacun d’entre nous peut s’essayer durant un jour, durant une semaine, durant un mois ou plusieurs mois. C’est excessivement fort, excessivement puissant et évidemment excessivement difficile. Essayer de passer ne serait-ce que deux heures sans écrire sans parler et sans penser, vous verrez que c’est vraiment très difficile. Donc c’est aussi un membre.
Quand on dit que c’est un membre, cela veut dire que l’on a des pratiques qui servent à préparer à cela .Pour ceux qui veulent évidemment essayer.
22) Le vingt-deuxième membre c’est asparshâ : le non toucher. Cette immobilité, l’unité,la sensation non différente de tout le corps et de tout l’intérieur et de tout l’extérieur. Ce sont des pratiques de très haute méditation et de réalisation personnelle. Là aussi c’est un espace qui est prévu pour ceux et celles qui veulent s’y essayer.

Individu, énergie, spontanéité

Le natha yoga s’inscrit également dans la notion des trois voies. Ce sont les trois voies qui nous mènent de la rigueur personnelle à la spontanéité. Là aussi on en a déjà parlé, on parle de la voie de l’individu : celle du natha yoga classique si vous voulez. On apprend, on s’entraîne …
La deuxième voie ou le deuxième degré si vous voulez, c’est la voie de l’énergie. Sans avoir fait plein de pratiques, l’énergie parle toute seule et nous entraîne. Ce n’est plus nous qui nous entraînons, c’est elle qui nous entraîne.
Et la troisième voie c’est quand tout se passe spontanément. Ces trois voies ne sont pas hermétiques. Elles s’imbriquent. Des fois, je suis dans la voie de l’individu, et puis l’énergie commence à m’entraîner et cela parle tout seul. Donc c’est une classification imprécise et surtout pas à prendre au sens strict du terme. On va dire qu’il y a certaines pratiques qui couvrent ces trois voies. Certains souffles demandent au début l’application, et la rigueur. Après l’énergie se dégage toute seule et nous entraîne, et après quelque chose arrive spontanément en nous.

Une absence de hiérarchie dans les membres du natha yoga

Je vais revenir un petit peu sur les anga, les vingt-deux parties. Elles ne sont pas hiérarchisées. Il n’y a pas beaucoup et on peut dire même pas du tout de hiérarchie dans le natha yoga. Tout est en même temps en fait, tout est au même niveau, c’est l’individu. Tout est déjà en nous et c’est juste une façon de s’exprimer. On est bien obligé si on fait un énoncé de mettre des numéros ou des lettres pour un peu classer. Cela ne sert à rien mais peu importe. Mais notez bien que il n’y a pas de dépendance d’une pratique à l’autre, que tout s'imbrique un peu comme les trois voies.

Enfin dans la méthode du natha yoga on va retrouver certains éléments fondateurs aussi. On l’a vu, il y a le nettoyage, il y a les inversions, il y a la verticalité, la capacité à l’arrêt et à l’immobilité, le souffle, le mantra , le travail sur le sommeil, l’union des canaux lunaires et solaires dans le canal du feu, la rigueur de l’apprentissage et les jeux de l’improvisation. Tout cela finalement ce sont les différents éléments que l’on peut utiliser dans notre méthode. Voilà pour un tableau pas très succinct mais pas très complet non plus. On pourrait en parler des heures voire des jours. Après est-ce que c’est utile ou pas ? Il y a déjà beaucoup de choses que vous avez vécues, apprises ; d’autres pas encore. Cela ne se fera pas dans le cadre de cette formation. Mais soyez bien assurés déjà qu’au bout de ce cycle vous aurez énormément d’éléments pour votre pratique personnelle.
Voilà donc pour un petit tableau, un petit brossage de notre voie, notre méthode, le natha yoga.

 

 

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